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JointHealth™ express   23 avril 2020


Conséquences imprévues : pénuries de médicaments pendant la pandémie de COVID-19

Lorsque la pandémie de COVID-19 s’est aggravée, les chercheurs et l’industrie pharmaceutique ont immédiatement entrepris d’identifier des médicaments efficaces et de mettre au point un vaccin de manière scientifique et dans un délai raisonnable.

Parallèlement, des annonces faites par des dirigeants politiques et des médecins de renom dans les journaux télévisés ainsi qu’une importante couverture dans les médias sociaux et sur Internet ont fait état des avantages potentiels de certaines thérapies antipaludiques, antibiotiques et antivirales dans le traitement des patients atteints de la COVID-19.

L’identification de l’hydroxychloroquine (HCQ) comme traitement possible pour la COVID-19 a mené à son utilisation dans des essais cliniques, à une utilisation non indiquée sur l’étiquette et à l’augmentation du nombre d’ordonnances délivrées pour l’HCQ au Canada.

Alors que les recherches et les essais sur l’HCQ sont toujours en cours, il est impératif de faire le point sur l’impact de la prescription et de la délivrance sans restriction de l’HCQ au Canada. En raison des récentes allégations d’efficacité de la HCQ contre la COVID-19, et qui restent à prouver, et de l’augmentation du nombre d’ordonnances, nous avons constaté une pénurie de HCQ dans certaines régions du Canada, notamment au Québec. De nombreuses personnes atteintes de maladies rhumatismales, telles que le lupus érythémateux systémique (LED), la polyarthrite rhumatoïde (PR), la vascularite, la maladie de Sjögren et la spondylarthrite ankylosante (SA), ont fait état de difficultés d’accès à la HCQ.

Cela pose de très sérieux problèmes pour la continuité des soins à long terme des patients atteints de maladies auto-immunes qui dépendent de ce médicament pour contrôler leur maladie et minimiser les poussées.

Cette situation est inacceptable.

Nos médecins, rhumatologues, infirmières praticiennes spécialisées dans l’arthrite et pharmaciens ont l’obligation et le devoir d’informer les patients que tout traitement - en particulier pour la COVID-19 - doit être fondé sur des preuves. À l’heure actuelle, il y a un sérieux manque de preuves qui soutiennent catégoriquement l’utilisation généralisée de l’hydroxychloroquine. Les contre-indications, les interactions médicamenteuses et les effets indésirables potentiels significatifs liés à l’utilisation de l’hydroxychloroquine pour la COVID-19 sont tout aussi importants. Santé Canada et la FDA conseillent de ne pas utiliser la HCQ chez les patients souffrant de problèmes cardiaques car elle peut les aggraver, alors que d’autres études démontrent que la chloroquine peut mal réagir avec les médicaments contre le diabète. Certains pays, comme la France, ont mis en garde contre son utilisation en raison des risques cardiaques.

La Société canadienne de rhumatologie a fait preuve d’un excellent leadership sur cette question et fait un certain nombre d’annonces en mars et avril. Bien que la SCR soutienne l’étude en cours pour un traitement efficace contre la COVID-19, elle demande un accès prioritaire à la HCQ pour les patients souffrant de maladies rhumatismales (dont le lupus et certains types d’arthrite inflammatoire) afin de traiter ces affections chroniques. La SCR exhorte également les décideurs politiques, les autorités de réglementation et l’industrie à travailler de concert pour augmenter l’offre en HCQ au Canada afin de répondre à la demande accrue.

La collectivité arthritique a reçu l’assurance de Santé Canada, des régimes publics d’assurance-médicaments et des fabricants de produits pharmaceutiques qu’il existe un approvisionnement stable en HCQ pour les patients atteints de maladies rhumatismales. En avril, le gouvernement canadien a conclu avec l’Inde un accord portant sur cinq millions de capsules de HCQ destinées spécifiquement au traitement des patients atteints de maladies auto-immunes et a confirmé qu’elles ne seraient pas utilisées pour des essais cliniques ou pour traiter la COVID-19.

Le comité ACE s’est associé à d’autres organisations de patients au Canada - la Société de l’arthrite, l’Association canadienne de spondylarthrite, Lupus Canada, la Société Sjögren du Canada, l’Alliance canadienne des arthritiques, l’Association des patients atteints de psoriasis et l’Alliance canadienne des patients en dermatologie - pour mettre sur pied « Partenaires pour l’accès aux médicaments pour les maladies auto-immunes » (Stakeholders of Autoimmune Diseases on Drugs Access), un groupe qui consulte les patients et partage leur point de vue avec le gouvernement fédéral, les régimes publics d’assurance-médicaments et les associations de pharmaciens. Nous espérons tous que la pandémie mortelle de COVID-19 prendra fin bientôt et sommes collectivement convaincus que des traitements efficaces verront bientôt le jour. Nous soutenons également les efforts de recherche actuellement en cours pour identifier des médicaments probants pour le traitement de la COVID-19 et les efforts liés à l’approvisionnement nécessaire en HCQ pour les essais cliniques.

Par ailleurs, le comité ACE et la collectivité canadienne des patients atteints d’une maladie auto-immune s’attendent à ce que nos experts en soins de santé travaillent et continueront à travailler ensemble pour s’assurer que la prescription et la délivrance des médicaments pour le traitement de ce virus mortel soient fondées sur des preuves et qu’ils s’assureront que les patients aux prises avec une maladie auto-immune et qui ont besoin de prendre de l’HCQ continuent d’avoir accès à leurs médicaments.

Aller plus loin

Dans l’édition du vendredi 27 avril de L’arthrite à la maison, le comité ACE interroge le Dr Carter Thorne pour obtenir les dernières informations sur l’accès des patients à l’hydroxychloroquine au Canada pendant la pandémie de la COVID-19.