JointHealth™ express 9 septembre 2020
EULAR 2020 : Mises à jour et recommandations du congrès de cette année
Recherche : les principaux enseignements de la rencontre de cette année.
En raison de la pandémie, le congrès annuel de rhumatologie de l’EULAR s’est tenu en ligne cette année. Les participants ont pu suivre les séances en direct et en différé depuis leur ordinateur, leur tablette ou leur téléphone intelligent. Voici quelques-unes des principales conclusions de la rencontre de cette année en matière de recherche.
Les données présentées lors du congrès électronique 2020 de l’EULAR ont réaffirmé que les approches fondées sur le mode de vie, notamment l’activité physique et l’arrêt du tabac, devraient compléter la thérapie médicale chez les patients souffrant d’arthrite.
Un groupe de travail EULAR a collaboré avec des professionnels de la santé et des associations de patients dans toute l’Europe pour discuter des approches des interventions sur le mode de vie et de la documentation qu’ils utilisent pour suivre ces approches. Le groupe de travail a ensuite entrepris d’élaborer des recommandations pour des stratégies de mode de vie sain visant à prévenir la progression de la maladie, notamment l’arthrose, la polyarthrite rhumatoïde, la spondylarthrite ankylosante, l’arthrite psoriasique, la sclérodermie systémique, le lupus et la goutte. Sur les 18 recommandations, sept concernaient l’exercice physique, deux le régime alimentaire, deux le poids, quatre l’alcool, deux le tabac et une le travail.
Certaines sont générales tandis que d’autres sont spécifiques à une maladie. Le groupe de travail a recommandé aux personnes souffrant d’arthrite de se mettre à l’activité physique en faisant des exercices d’aérobie et de renforcement.
Selon le groupe de travail, le régime alimentaire doit être « sain et équilibré », tandis que la décision sur ce qui constitue un poids santé devrait être confiée au patient et à une équipe multidisciplinaire. Lorsque les patients perdent ou prennent du poids, il faut également envisager de modifier les médicaments en conséquence.
D’autres recommandations stipulent que la consommation d’alcool doit être modérée. Les patients souffrant de goutte, en particulier, devraient limiter leur consommation d’alcool car elle a été associée à des poussées de cette maladie. Le groupe de travail a également recommandé que les patients soient encouragés à arrêter de fumer en raison de l’impact que cette habitude peut avoir sur la réponse aux ARMM chez les patients, en particulier ceux qui vivent avec la PR.
Une étude démontre que les nourrissons et les jeunes enfants de mères atteintes de spondylarthrite ankylosante se développent normalement
Les femmes atteintes de spondylarthrite ankylosante (SA) peuvent avoir des enfants malgré leur maladie rhumatismale. Mais comment leurs enfants se développent-ils ? Une étude sud-coréenne présentée à la rencontre 2020 de l’EULAR démontre que la croissance et le développement des nourrissons et des jeunes enfants des mères atteintes de SA sont comparables à ceux des autres mères. Plusieurs études sur l’évolution de la grossesse chez les femmes atteintes de SA ont été menées jusqu’à présent, mais le développement de leurs enfants n’a pas été étudié.
La spondylarthrite ankylosante est une maladie inflammatoire chronique complexe de la colonne vertébrale avec atteinte des articulations sacro-iliaques. La maladie se présente le plus souvent dans la vingtaine et la trentaine. « Les patientes atteintes de SA sont donc pour la plupart en âge de procréer et ne savent pas toujours si elles peuvent concrétiser leur désir d’avoir des enfants, malgré leur maladie chronique », a déclaré le président de l’EULAR, le professeur Iain B. McInnes, directeur de l’Institut des maladies infectieuses, immunitaires et inflammatoires de l’Université de Glasgow en Écosse.
Une étude de cas sur la population sud-coréenne s’est penchée sur la question de savoir si la SA chez les femmes pouvait avoir un impact sur la croissance et le développement de leurs enfants dans la petite enfance et quels en seraient les effets. Les chercheurs ont constaté que la croissance et le développement des enfants de mères atteintes de SA étaient comparables à ceux des enfants d’autres mères. Et bien que les mères ayant déjà été diagnostiquées comme ayant la SA soient nettement plus susceptibles d’avoir un enfant de faible poids à la naissance que les femmes ayant reçu ce diagnostic après l’accouchement, leurs enfants se développent globalement de la même manière au cours de la période d’observation allant jusqu’à 71 mois après la naissance. « Par conséquent, le fait d’avoir une maladie chronique comme la SA ne devrait pas empêcher les patientes d’avoir des enfants en bonne santé », a déclaré le professeur John Isaacs, de l’Université de Newcastle, au Royaume-Uni, président du comité du programme scientifique de l’EULAR. « Nous conseillons aux femmes atteintes de SA qui souhaitent avoir des enfants de planifier leur grossesse et d’en discuter au préalable avec leur rhumatologue traitant ».
L’EULAR met à jour les recommandations pour l’arthrite psoriasique
Au cours des cinq dernières années, l’un des domaines les plus discutés à l’EULAR a été le traitement de l’arthrite psoriasique (APs), y compris les données du monde réel sur la sécurité et l’efficacité des médicaments existants et les études sur les nouveaux médicaments actuellement en développement.
En fonction de données scientifiques, l’EULAR a approuvé six principes généraux couvrant l’arthrite psoriasique, ainsi que la nécessité d’une gestion médicale collaborative et d’une prise de décision partagée (deux éléments clés des modèles de soins de l’arthrite). Elle a également approuvé douze recommandations sur les stratégies de traitement médicamenteux, dont trois nouvelles :
Depuis les rapports sur le potentiel de l’hydroxychloroquine (HCQ) comme traitement de la COVID-19, de nombreuses personnes vivant avec des maladies rhumatismales, telles que le lupus érythémateux systémique (LED), la polyarthrite rhumatoïde (PR), la vascularite, la maladie de Sjögren et d’autres maladies rhumatismales auto-immunes, ont fait état de difficultés d’accès à la HCQ dont elles ont besoin. Les problèmes d’accès et de stabilité de l’approvisionnement en HCQ ont été en grande partie résolus, mais les patients souffrant d’arthrite sont troublés par les reportages des médias sur les dangers de la prise d’HCQ pour la COVID-19. Depuis des décennies, la HCQ est un médicament essentiel pour de nombreux patients atteints de PR et le seul médicament dont il a été démontré qu’il augmentait la survie des patients atteints de LED tout en prévenant les poussées, les lésions organiques et les événements cardiovasculaires.
Dans le cadre du congrès de l’EULAR, lors d’une présentation sur l’utilisation de l’hydroxychloroquine chez les patients atteints de PR, les chercheurs ont fait état de résultats d’études selon lesquels le traitement par l’hydroxychloroquine n’était pas associé à une insuffisance cardiaque chez les patients atteints de PR; cependant, des recherches supplémentaires sont nécessaires concernant les doses plus élevées.
L’insuffisance cardiaque est un effet indésirable rare attribué à l’HCQ. Les chercheurs admettent qu’il existe des lacunes au niveau des connaissances sur le risque d’insuffisance cardiaque chez les patients atteints de PR qui prennent de l’HCQ. L’étude présentée à l’EULAR a révélé qu’il n’y avait pas non plus d’association statistiquement significative entre la dose cumulée de HCQ et l’insuffisance cardiaque. Cependant, les chercheurs doivent encore comprendre le risque de doses plus élevées d’hydroxychloroquine et mieux évaluer l’observance du traitement par les patients.
Les chercheurs affirment que de futures études sont nécessaires pour aider à identifier un dosage de HCQ et une durée de traitement sécuritaires en ce qui concerne l’insuffisance cardiaque et pour évaluer le risque d’insuffisance cardiaque dans d’autres formes d’arthrite traitées par l’HCQ, telles que le LED.
Gravité de l’arthrose et frustration croissante des patients malgré l’augmentation de la consommation d’opioïdes
Les médecins de cinq pays européens ont indiqué que la satisfaction des patients à l’égard du traitement de leur arthrose diminuait, et que la gravité de la maladie augmentait malgré l’utilisation croissante des opioïdes, selon les résultats présentés lors du congrès 2020 de l’EULAR.
La gestion de l’arthrose fait appel à un mélange de traitements pharmacologiques et non pharmacologiques (qui n’impliquent pas l’utilisation de médicaments pour traiter la douleur). De nombreuses personnes atteintes d’arthrose utilisent des traitements médicamenteux, bien que les recherches démontrent qu’ils ne sont pas très efficaces et que les patients ont de réels problèmes de sécurité et de tolérance, tant pour les AINS que pour les opioïdes.
Afin d’examiner l’expérience actuelle et réelle de traitement des patients atteints d’arthrose en fonction de la gravité de la maladie, les chercheurs ont étudié les données d’une étude portant sur les médecins et leurs patients. Les chercheurs ont inclus des données concernant 489 médecins - en soins primaires, rhumatologie et orthopédie - de France, d’Allemagne, d’Italie, d’Espagne et du Royaume-Uni. Ces médecins ont fait état de 3 596 patients.
S’appuyant sur leur étude, les chercheurs ont constaté certaines tendances, notamment une augmentation de la gravité des symptômes, une diminution de l’emploi, une augmentation de l’obésité et du nombre de comorbidités ainsi qu’une augmentation du nombre d’articulations douloureuses dont souffrent les personnes. Les chercheurs ont également découvert que les opioïdes, en particulier les opioïdes puissants, sont de plus en plus utilisés en fonction de la gravité de la maladie et moins en monothérapie, et que l’insatisfaction des patients augmente par rapport aux médicaments existants, ce qui les a amenés à conclure que le traitement actuel de l’arthrose nécessite de nouveaux médicaments.
Un modèle prédictif identifie les patients ayant subi une arthroplastie du genou à risque d’abus d’opioïdes
Un nouveau modèle de prévision est apparu pour identifier les patients qui pourraient évoluer vers une utilisation persistante d’opioïdes à forte dose et une dépendance après une arthroplastie totale du genou (ATG) (en anglais seulement), selon les données présentées lors du congrès électronique 2020 de l’EULAR.
« Les patients subissant une arthroplastie totale du genou se voient souvent prescrire des opioïdes avant et après la chirurgie pour soulager la douleur », a déclaré Chandrasekar Gopalakrishnan, MD, MPH, du Brigham and Women’s Hospital et de la Harvard Medical School, lors de sa conférence. « Cependant, dans une étude antérieure sur les personnes âgées atteintes d’arthrose inscrites à l’assurance-maladie, nous avons constaté que près de 60 % avaient utilisé des opioïdes au moins une fois au cours de l’année précédant une ATG, et 7 % avaient utilisé un opioïde de façon continue, ayant obtenu au moins un renouvellement pour 12 mois consécutifs ».
Il a ajouté : « Ces utilisateurs prenant des opioïdes de façon régulière couraient un risque élevé de mauvais résultats après leur chirurgie et présentaient un risque deux fois plus élevé de révision de l’ATG et un risque cinq fois plus élevé de surdose d’opioïdes ».
Dans cette cohorte de plus de 140 000 patients âgés subissant une ATG (en anglais seulement), 10,6 % sont devenus des utilisateurs persistants de fortes doses d’opioïdes au cours de l’année suivante », a déclaré le Dr Gopalakrishnan. « Notre modèle de prédiction développé à partir des demandes de remboursement de l’assurance-maladie suivant dix facteurs cliniques facilement disponibles peut aider à identifier les patients à haut risque de futurs effets indésirables de l’utilisation persistante d’opioïdes et de la dépendance après une ATG ».
Une nouvelle étude confirme l’efficacité du déploiement d’autres professionnels de la santé
Lors du congrès 2020 de l’EULAR, les chercheurs ont fait état de lacunes au niveau des soins de santé pour les personnes souffrant d’arthrite inflammatoire (AI) qui touche plus de 1,5 million de personnes en Allemagne. En raison de la pénurie de rhumatologues, seule la moitié des patients de ce pays sont traités de manière adéquate. Les chercheurs ont examiné comment le recours à d’autres professionnels de la santé, comme c’est le cas au Danemark et au Royaume-Uni, pourrait contribuer à améliorer la situation. En Allemagne, environ 2 % de la population adulte est touchée par des maladies chroniques liées à l’AI, telles que la polyarthrite rhumatoïde (PR), la spondylarthrite axiale (SA) ou l’arthrite psoriasique (APs).
Cependant, selon l’un des chercheurs de l’étude, la Dre Kirsten Hoeper de la Clinique de rhumatologie et d’immunologie de l’École de médecine de Hanovre : « Les ressources médicales existantes ne suffisent pas pour fournir des soins précoces, centrés sur le patient et basés sur des lignes directrices. Les délais d’attente sont beaucoup trop longs, et ce, malgré le fait que les nouveaux médicaments pourraient presque complètement ramener la maladie au stade de la rémission pour la majorité des patients - à condition que le traitement soit administré en temps utile ».
Le recours aux appels de demandes (RFA) pourrait améliorer la situation, comme cela est déjà bien établi dans certains pays d’Europe du Nord. Les RFA s’adressent aux membres de professions médicales connexes telles que les ambulanciers, les infirmiers, les étudiants en soins infirmiers en cas d’accidents de la route ou de la circulation, qui ont acquis des connaissances théoriques et pratiques supplémentaires sur les soins aux patients souffrant d’arthrite et de maladies musculosquelettiques.
Les résultats de l’étude ont démontré que l’implication des professionnels répondant aux RFA produit les mêmes résultats de traitement que la consultation continue d’un rhumatologue.
« Pour la première fois, il peut être démontré pour l’Allemagne qu’une consultation par appel de demandes est un moyen sûr d’enrichir les soins des patients souffrant d’arthrite rhumatoïde », a déclaré le docteur et professeur John Isaacs de Newcastle, en Grande-Bretagne, président du comité du programme scientifique de l’EULAR.
Selon la Dre Hoeper, l’utilisation des appels de demandes permet d’améliorer les soins de manière rentable : « L’intégration d’une approche d’équipe comprenant des rhumatologues et d’autres professionnels de la santé pour le traitement des patients atteints de maladies rhumatismales inflammatoires offre de grandes possibilités. Les appels de demandes peuvent contribuer à compléter la charge de travail d’un médecin, qui peut à son tour utiliser les ressources ainsi libérées pour traiter des patients plus complexes ou nouveaux. Les longs délais d’attente pour un rendez-vous avec un rhumatologue pourraient ainsi être raccourcis en suivant les recommandations internationales de l’EULAR concernant les appels de demandes, ce qui permettrait à l’Allemagne d’améliorer les soins aux patients de manière rentable ».
Aller au fond des choses : Au Canada, les infirmières praticiennes améliorent l’accès aux soins
Depuis sa création en 2005, le Programme de clinicien praticien avancé en soins de l’arthrite (ACPAC) (acpacprogram.ca) a permis à 69 praticiens à rôle élargi (ERP) exerçant au Canada d’obtenir leur diplôme. Il s’agit d’un programme de formation officiel, basé en Ontario, destiné à des prestataires de soins de santé dûment choisis et déjà expérimentés dans le traitement de l’arthrite, qui garantit l’acquisition des compétences et des connaissances avancées nécessaires pour soutenir le développement des rôles de praticiens à rôle élargi. Les EPR formés par l’ACPAC et expérimentés ont raccourci le délai d’évaluation par le rhumatologue, ce qui permet un diagnostic et une décision de traitement plus rapides pour les patients atteints d’arthrite inflammatoire.
En 2011, les rhumatologues de Colombie-Britannique ont reçu des fonds pour l’intégration des infirmières dans les soins aux patients. De là est né le « code de facturation pour soins en rhumatologie ». Ce code, qui peut être facturé par patient tous les six mois, permet à un rhumatologue d’engager une infirmière auxiliaire autorisée (IAA) ou une infirmière autorisée (IA) pour soutenir la prise en charge des patients souffrant d’arthrite inflammatoire. Les infirmières fournissent une grande variété de services aux patients, notamment des conseils sur la maladie et les médicaments, une formation sur le méthotrexate et les injections de produits biologiques, l’administration de vaccins et les tests cutanés pour la tuberculose.
En 2016-2017, 53 des 86 rhumatologues de la Colombie-Britannique ont utilisé le code de facturation pour soins en rhumatologie, et on estime que 55 infirmières en rhumatologie sont employées dans la province.
Les infirmières en rhumatologie nous permettent non seulement de fournir des soins améliorés aux patients, mais aussi d’améliorer l’accès aux soins dans les zones mal desservies. Certaines infirmières travaillent dans un modèle de soins interdisciplinaire, où, aux côtés du rhumatologue, elles prodiguent des soins aux nouveaux patients et assurent le suivi. Cette approche a amélioré l’accès aux soins des patients en réduisant les délais d’attente pour les nouvelles orientations et a permis aux patients de suivi d’être vus plus rapidement en cas de besoin.
EULAR 2020 : Mises à jour et recommandations du congrès de cette année
Recherche : les principaux enseignements de la rencontre de cette année.
En raison de la pandémie, le congrès annuel de rhumatologie de l’EULAR s’est tenu en ligne cette année. Les participants ont pu suivre les séances en direct et en différé depuis leur ordinateur, leur tablette ou leur téléphone intelligent. Voici quelques-unes des principales conclusions de la rencontre de cette année en matière de recherche.
- Lignes directrices sur le mode de vie pour limiter la progression de l’arthrite et profiter au maximum de l’été
- Une étude démontre que les nourrissons et les jeunes enfants de mères atteintes de spondylarthrite ankylosante se développent normalement
- L’EULAR met à jour les recommandations pour l’arthrite psoriasique
- L’hydroxychloroquine n’est pas liée à l’insuffisance cardiaque dans la polyarthrite rhumatoïde
- Gravité de l’arthrose et frustration croissante des patients malgré l’augmentation de la consommation d’opioïdes
- Un modèle prédictif identifie les patients ayant subi une arthroplastie du genou à risque d’abus d’opioïdes
- Une nouvelle étude confirme l’efficacité du déploiement d’autres professionnels de la santé
Les données présentées lors du congrès électronique 2020 de l’EULAR ont réaffirmé que les approches fondées sur le mode de vie, notamment l’activité physique et l’arrêt du tabac, devraient compléter la thérapie médicale chez les patients souffrant d’arthrite.
Un groupe de travail EULAR a collaboré avec des professionnels de la santé et des associations de patients dans toute l’Europe pour discuter des approches des interventions sur le mode de vie et de la documentation qu’ils utilisent pour suivre ces approches. Le groupe de travail a ensuite entrepris d’élaborer des recommandations pour des stratégies de mode de vie sain visant à prévenir la progression de la maladie, notamment l’arthrose, la polyarthrite rhumatoïde, la spondylarthrite ankylosante, l’arthrite psoriasique, la sclérodermie systémique, le lupus et la goutte. Sur les 18 recommandations, sept concernaient l’exercice physique, deux le régime alimentaire, deux le poids, quatre l’alcool, deux le tabac et une le travail.
Certaines sont générales tandis que d’autres sont spécifiques à une maladie. Le groupe de travail a recommandé aux personnes souffrant d’arthrite de se mettre à l’activité physique en faisant des exercices d’aérobie et de renforcement.
Selon le groupe de travail, le régime alimentaire doit être « sain et équilibré », tandis que la décision sur ce qui constitue un poids santé devrait être confiée au patient et à une équipe multidisciplinaire. Lorsque les patients perdent ou prennent du poids, il faut également envisager de modifier les médicaments en conséquence.
D’autres recommandations stipulent que la consommation d’alcool doit être modérée. Les patients souffrant de goutte, en particulier, devraient limiter leur consommation d’alcool car elle a été associée à des poussées de cette maladie. Le groupe de travail a également recommandé que les patients soient encouragés à arrêter de fumer en raison de l’impact que cette habitude peut avoir sur la réponse aux ARMM chez les patients, en particulier ceux qui vivent avec la PR.
Une étude démontre que les nourrissons et les jeunes enfants de mères atteintes de spondylarthrite ankylosante se développent normalement
Les femmes atteintes de spondylarthrite ankylosante (SA) peuvent avoir des enfants malgré leur maladie rhumatismale. Mais comment leurs enfants se développent-ils ? Une étude sud-coréenne présentée à la rencontre 2020 de l’EULAR démontre que la croissance et le développement des nourrissons et des jeunes enfants des mères atteintes de SA sont comparables à ceux des autres mères. Plusieurs études sur l’évolution de la grossesse chez les femmes atteintes de SA ont été menées jusqu’à présent, mais le développement de leurs enfants n’a pas été étudié.
La spondylarthrite ankylosante est une maladie inflammatoire chronique complexe de la colonne vertébrale avec atteinte des articulations sacro-iliaques. La maladie se présente le plus souvent dans la vingtaine et la trentaine. « Les patientes atteintes de SA sont donc pour la plupart en âge de procréer et ne savent pas toujours si elles peuvent concrétiser leur désir d’avoir des enfants, malgré leur maladie chronique », a déclaré le président de l’EULAR, le professeur Iain B. McInnes, directeur de l’Institut des maladies infectieuses, immunitaires et inflammatoires de l’Université de Glasgow en Écosse.
Une étude de cas sur la population sud-coréenne s’est penchée sur la question de savoir si la SA chez les femmes pouvait avoir un impact sur la croissance et le développement de leurs enfants dans la petite enfance et quels en seraient les effets. Les chercheurs ont constaté que la croissance et le développement des enfants de mères atteintes de SA étaient comparables à ceux des enfants d’autres mères. Et bien que les mères ayant déjà été diagnostiquées comme ayant la SA soient nettement plus susceptibles d’avoir un enfant de faible poids à la naissance que les femmes ayant reçu ce diagnostic après l’accouchement, leurs enfants se développent globalement de la même manière au cours de la période d’observation allant jusqu’à 71 mois après la naissance. « Par conséquent, le fait d’avoir une maladie chronique comme la SA ne devrait pas empêcher les patientes d’avoir des enfants en bonne santé », a déclaré le professeur John Isaacs, de l’Université de Newcastle, au Royaume-Uni, président du comité du programme scientifique de l’EULAR. « Nous conseillons aux femmes atteintes de SA qui souhaitent avoir des enfants de planifier leur grossesse et d’en discuter au préalable avec leur rhumatologue traitant ».
L’EULAR met à jour les recommandations pour l’arthrite psoriasique
Au cours des cinq dernières années, l’un des domaines les plus discutés à l’EULAR a été le traitement de l’arthrite psoriasique (APs), y compris les données du monde réel sur la sécurité et l’efficacité des médicaments existants et les études sur les nouveaux médicaments actuellement en développement.
En fonction de données scientifiques, l’EULAR a approuvé six principes généraux couvrant l’arthrite psoriasique, ainsi que la nécessité d’une gestion médicale collaborative et d’une prise de décision partagée (deux éléments clés des modèles de soins de l’arthrite). Elle a également approuvé douze recommandations sur les stratégies de traitement médicamenteux, dont trois nouvelles :
- L’EULAR suggère qu’un ARMM synthétique conventionnel devrait être envisagé chez les patients souffrant de mono-arthrite (affectant une seule articulation) ou d’oligo-arthrite (affectant de deux à quatre articulations);
- Un inhibiteur JAK peut être envisagé chez les patients souffrant d’arthrite périphérique qui ne répondent pas de manière adéquate à au moins un ARMM synthétique conventionnel et à au moins un ARMM biologique, ou lorsqu’un ARMM biologique est inapproprié;
- Une « réduction progressive » prudente des ARMM peut être envisagée chez les patients en rémission prolongée. L’EULAR a défini la « rémission soutenue » comme une rémission complète plutôt qu’une faible activité de la maladie, pendant au moins six mois consécutifs.
Depuis les rapports sur le potentiel de l’hydroxychloroquine (HCQ) comme traitement de la COVID-19, de nombreuses personnes vivant avec des maladies rhumatismales, telles que le lupus érythémateux systémique (LED), la polyarthrite rhumatoïde (PR), la vascularite, la maladie de Sjögren et d’autres maladies rhumatismales auto-immunes, ont fait état de difficultés d’accès à la HCQ dont elles ont besoin. Les problèmes d’accès et de stabilité de l’approvisionnement en HCQ ont été en grande partie résolus, mais les patients souffrant d’arthrite sont troublés par les reportages des médias sur les dangers de la prise d’HCQ pour la COVID-19. Depuis des décennies, la HCQ est un médicament essentiel pour de nombreux patients atteints de PR et le seul médicament dont il a été démontré qu’il augmentait la survie des patients atteints de LED tout en prévenant les poussées, les lésions organiques et les événements cardiovasculaires.
Dans le cadre du congrès de l’EULAR, lors d’une présentation sur l’utilisation de l’hydroxychloroquine chez les patients atteints de PR, les chercheurs ont fait état de résultats d’études selon lesquels le traitement par l’hydroxychloroquine n’était pas associé à une insuffisance cardiaque chez les patients atteints de PR; cependant, des recherches supplémentaires sont nécessaires concernant les doses plus élevées.
L’insuffisance cardiaque est un effet indésirable rare attribué à l’HCQ. Les chercheurs admettent qu’il existe des lacunes au niveau des connaissances sur le risque d’insuffisance cardiaque chez les patients atteints de PR qui prennent de l’HCQ. L’étude présentée à l’EULAR a révélé qu’il n’y avait pas non plus d’association statistiquement significative entre la dose cumulée de HCQ et l’insuffisance cardiaque. Cependant, les chercheurs doivent encore comprendre le risque de doses plus élevées d’hydroxychloroquine et mieux évaluer l’observance du traitement par les patients.
Les chercheurs affirment que de futures études sont nécessaires pour aider à identifier un dosage de HCQ et une durée de traitement sécuritaires en ce qui concerne l’insuffisance cardiaque et pour évaluer le risque d’insuffisance cardiaque dans d’autres formes d’arthrite traitées par l’HCQ, telles que le LED.
Gravité de l’arthrose et frustration croissante des patients malgré l’augmentation de la consommation d’opioïdes
Les médecins de cinq pays européens ont indiqué que la satisfaction des patients à l’égard du traitement de leur arthrose diminuait, et que la gravité de la maladie augmentait malgré l’utilisation croissante des opioïdes, selon les résultats présentés lors du congrès 2020 de l’EULAR.
La gestion de l’arthrose fait appel à un mélange de traitements pharmacologiques et non pharmacologiques (qui n’impliquent pas l’utilisation de médicaments pour traiter la douleur). De nombreuses personnes atteintes d’arthrose utilisent des traitements médicamenteux, bien que les recherches démontrent qu’ils ne sont pas très efficaces et que les patients ont de réels problèmes de sécurité et de tolérance, tant pour les AINS que pour les opioïdes.
Afin d’examiner l’expérience actuelle et réelle de traitement des patients atteints d’arthrose en fonction de la gravité de la maladie, les chercheurs ont étudié les données d’une étude portant sur les médecins et leurs patients. Les chercheurs ont inclus des données concernant 489 médecins - en soins primaires, rhumatologie et orthopédie - de France, d’Allemagne, d’Italie, d’Espagne et du Royaume-Uni. Ces médecins ont fait état de 3 596 patients.
S’appuyant sur leur étude, les chercheurs ont constaté certaines tendances, notamment une augmentation de la gravité des symptômes, une diminution de l’emploi, une augmentation de l’obésité et du nombre de comorbidités ainsi qu’une augmentation du nombre d’articulations douloureuses dont souffrent les personnes. Les chercheurs ont également découvert que les opioïdes, en particulier les opioïdes puissants, sont de plus en plus utilisés en fonction de la gravité de la maladie et moins en monothérapie, et que l’insatisfaction des patients augmente par rapport aux médicaments existants, ce qui les a amenés à conclure que le traitement actuel de l’arthrose nécessite de nouveaux médicaments.
Un modèle prédictif identifie les patients ayant subi une arthroplastie du genou à risque d’abus d’opioïdes
Un nouveau modèle de prévision est apparu pour identifier les patients qui pourraient évoluer vers une utilisation persistante d’opioïdes à forte dose et une dépendance après une arthroplastie totale du genou (ATG) (en anglais seulement), selon les données présentées lors du congrès électronique 2020 de l’EULAR.
« Les patients subissant une arthroplastie totale du genou se voient souvent prescrire des opioïdes avant et après la chirurgie pour soulager la douleur », a déclaré Chandrasekar Gopalakrishnan, MD, MPH, du Brigham and Women’s Hospital et de la Harvard Medical School, lors de sa conférence. « Cependant, dans une étude antérieure sur les personnes âgées atteintes d’arthrose inscrites à l’assurance-maladie, nous avons constaté que près de 60 % avaient utilisé des opioïdes au moins une fois au cours de l’année précédant une ATG, et 7 % avaient utilisé un opioïde de façon continue, ayant obtenu au moins un renouvellement pour 12 mois consécutifs ».
Il a ajouté : « Ces utilisateurs prenant des opioïdes de façon régulière couraient un risque élevé de mauvais résultats après leur chirurgie et présentaient un risque deux fois plus élevé de révision de l’ATG et un risque cinq fois plus élevé de surdose d’opioïdes ».
Dans cette cohorte de plus de 140 000 patients âgés subissant une ATG (en anglais seulement), 10,6 % sont devenus des utilisateurs persistants de fortes doses d’opioïdes au cours de l’année suivante », a déclaré le Dr Gopalakrishnan. « Notre modèle de prédiction développé à partir des demandes de remboursement de l’assurance-maladie suivant dix facteurs cliniques facilement disponibles peut aider à identifier les patients à haut risque de futurs effets indésirables de l’utilisation persistante d’opioïdes et de la dépendance après une ATG ».
Une nouvelle étude confirme l’efficacité du déploiement d’autres professionnels de la santé
Lors du congrès 2020 de l’EULAR, les chercheurs ont fait état de lacunes au niveau des soins de santé pour les personnes souffrant d’arthrite inflammatoire (AI) qui touche plus de 1,5 million de personnes en Allemagne. En raison de la pénurie de rhumatologues, seule la moitié des patients de ce pays sont traités de manière adéquate. Les chercheurs ont examiné comment le recours à d’autres professionnels de la santé, comme c’est le cas au Danemark et au Royaume-Uni, pourrait contribuer à améliorer la situation. En Allemagne, environ 2 % de la population adulte est touchée par des maladies chroniques liées à l’AI, telles que la polyarthrite rhumatoïde (PR), la spondylarthrite axiale (SA) ou l’arthrite psoriasique (APs).
Cependant, selon l’un des chercheurs de l’étude, la Dre Kirsten Hoeper de la Clinique de rhumatologie et d’immunologie de l’École de médecine de Hanovre : « Les ressources médicales existantes ne suffisent pas pour fournir des soins précoces, centrés sur le patient et basés sur des lignes directrices. Les délais d’attente sont beaucoup trop longs, et ce, malgré le fait que les nouveaux médicaments pourraient presque complètement ramener la maladie au stade de la rémission pour la majorité des patients - à condition que le traitement soit administré en temps utile ».
Le recours aux appels de demandes (RFA) pourrait améliorer la situation, comme cela est déjà bien établi dans certains pays d’Europe du Nord. Les RFA s’adressent aux membres de professions médicales connexes telles que les ambulanciers, les infirmiers, les étudiants en soins infirmiers en cas d’accidents de la route ou de la circulation, qui ont acquis des connaissances théoriques et pratiques supplémentaires sur les soins aux patients souffrant d’arthrite et de maladies musculosquelettiques.
Les résultats de l’étude ont démontré que l’implication des professionnels répondant aux RFA produit les mêmes résultats de traitement que la consultation continue d’un rhumatologue.
« Pour la première fois, il peut être démontré pour l’Allemagne qu’une consultation par appel de demandes est un moyen sûr d’enrichir les soins des patients souffrant d’arthrite rhumatoïde », a déclaré le docteur et professeur John Isaacs de Newcastle, en Grande-Bretagne, président du comité du programme scientifique de l’EULAR.
Selon la Dre Hoeper, l’utilisation des appels de demandes permet d’améliorer les soins de manière rentable : « L’intégration d’une approche d’équipe comprenant des rhumatologues et d’autres professionnels de la santé pour le traitement des patients atteints de maladies rhumatismales inflammatoires offre de grandes possibilités. Les appels de demandes peuvent contribuer à compléter la charge de travail d’un médecin, qui peut à son tour utiliser les ressources ainsi libérées pour traiter des patients plus complexes ou nouveaux. Les longs délais d’attente pour un rendez-vous avec un rhumatologue pourraient ainsi être raccourcis en suivant les recommandations internationales de l’EULAR concernant les appels de demandes, ce qui permettrait à l’Allemagne d’améliorer les soins aux patients de manière rentable ».
Aller au fond des choses : Au Canada, les infirmières praticiennes améliorent l’accès aux soins
Depuis sa création en 2005, le Programme de clinicien praticien avancé en soins de l’arthrite (ACPAC) (acpacprogram.ca) a permis à 69 praticiens à rôle élargi (ERP) exerçant au Canada d’obtenir leur diplôme. Il s’agit d’un programme de formation officiel, basé en Ontario, destiné à des prestataires de soins de santé dûment choisis et déjà expérimentés dans le traitement de l’arthrite, qui garantit l’acquisition des compétences et des connaissances avancées nécessaires pour soutenir le développement des rôles de praticiens à rôle élargi. Les EPR formés par l’ACPAC et expérimentés ont raccourci le délai d’évaluation par le rhumatologue, ce qui permet un diagnostic et une décision de traitement plus rapides pour les patients atteints d’arthrite inflammatoire.
En 2011, les rhumatologues de Colombie-Britannique ont reçu des fonds pour l’intégration des infirmières dans les soins aux patients. De là est né le « code de facturation pour soins en rhumatologie ». Ce code, qui peut être facturé par patient tous les six mois, permet à un rhumatologue d’engager une infirmière auxiliaire autorisée (IAA) ou une infirmière autorisée (IA) pour soutenir la prise en charge des patients souffrant d’arthrite inflammatoire. Les infirmières fournissent une grande variété de services aux patients, notamment des conseils sur la maladie et les médicaments, une formation sur le méthotrexate et les injections de produits biologiques, l’administration de vaccins et les tests cutanés pour la tuberculose.
En 2016-2017, 53 des 86 rhumatologues de la Colombie-Britannique ont utilisé le code de facturation pour soins en rhumatologie, et on estime que 55 infirmières en rhumatologie sont employées dans la province.
Les infirmières en rhumatologie nous permettent non seulement de fournir des soins améliorés aux patients, mais aussi d’améliorer l’accès aux soins dans les zones mal desservies. Certaines infirmières travaillent dans un modèle de soins interdisciplinaire, où, aux côtés du rhumatologue, elles prodiguent des soins aux nouveaux patients et assurent le suivi. Cette approche a amélioré l’accès aux soins des patients en réduisant les délais d’attente pour les nouvelles orientations et a permis aux patients de suivi d’être vus plus rapidement en cas de besoin.